Si elles sont correctement exploitées, les données approfondies de l'emploi peuvent transformer les approches du conseil en évolution professionnelle.
Lorsqu'ils intègrent l'IA et l'information approfondie sur le marché du travail, les professionnels du conseil carrière aspirent à développer une compréhension précise des réalités, compléter leurs angles d'analyse et proposer des perspectives tangibles à leurs bénéficiaires.
Pour cela, il est important pour les conseillers d'appliquer un nombre de bonnes pratiques, tout en restant conscients des potentiels biais d'utilisation et d'interprétation.
Il existe en effet de nombreux pièges inhérents au recours aux données pour l'aide à la décision, qui peuvent surprendre les professionnels non préparés.
Dans cet article, nous revenons sur quelques pièges courants, qui une fois repérés, vous permettront d'ajuster votre approche et de proposer un conseil de qualité éclairé par les données.
Piège N°1 : Croire que les données apportent des réponses et des orientations toutes faites
Il est en effet parfois courant d'entendre : "avec les données, je n'ai plus à réfléchir et à chercher des réponses, les bonnes voies seront proposées automatiquement".
Très souvent, les conseillers en évolution professionnelle, ainsi que leurs bénéficiaires, sont confrontés à de grandes décisions, souvent difficiles — impliquant les volontés personnelles, les contraintes familiales et géographiques, les peurs de se lancer, l'incertitude du résultat, etc.
Faire des choix dans ces situations est complexe, peu importe à quel point ils sont justifiables et réfléchis. On peut comprendre la tendance chez certains de croire que les Big Data à elles seules révéleront la bonne décision.
Mettre l'accent sur les données peut certainement s'avérer très bénéfique à l'arsenal décisionnel disponible pour avoir une vision claire de ce qui se passe (ce qui est considérable), mais malgré cela, les données ne peuvent pas réellement prendre de décisions à la place du candidat, ni de conférer ce pouvoir aux conseillers.
Les données sur le marché du travail ne sont donc qu'une pièce - importante - du puzzle. Arriver à la bonne décision prendra également en compte les contextes spécifiques et les enjeux propres à chaque situation.
Piège N°2 : Ne rien faire tant qu'on ne maitrise pas, ou tant que les données ne sont pas parfaites
Trop perfectionnistes, certains peuvent penser qu'il n'est pas utile d'exploiter les données quand on n'a pas toutes les compétences nécessaires, quand on n'a pas les moyens, ou encore quand les données disponibles ne s'adaptent pas parfaitement à l'environnement opérationnel.
Il est clair que la meilleure mise en œuvre des données et des approches sous-jacentes est toujours appréciable, voire même fortement recommandée (gouvernance, sécurité, compréhension des biais, méthodes d'analyse, visualisation, interprétation, etc.). Mais rester immobile ne fera que renforcer les freins face au développement des capacités et d'une culture seine vis-à-vis des données, notamment dans le cadre du conseil carrière.
La vérité est qu'il faut du temps pour développer tout cela, avant de tendre vers un cadre parfaitement adapté à son approche métier. Toutes les organisations qui tirent au quotidien le meilleur bénéfice des données n'y sont pas arrivées du jour au lendemain.
Souvent, il suffit de commencer. Les professionnels du conseil carrière peuvent explorer progressivement les façons d'intégrer l'exploitation des données dans leurs approches, là où c'est possible, et ainsi apprendre petit à petit en essayant toujours de questionner leurs analyses et la valeur ajoutée à leurs bénéficiaires.
Piège N°3 : Utiliser les données avec l'intention de prouver des idées préconçues
Il est important de faire attention à ses propres présomptions et points de vue. Il arrive souvent de se dire « je sais déjà ce qui se passe, j'ai juste besoin des données pour le prouver ».
Les questions de l'emploi et du marché du travail sont complexes et multidimensionnelles. Il peut donc être facile et tentant d'utiliser des raccourcis entre ses intuitions et les données, en essayant justement de sélectionner celles qui ont l'air de prouver son point de vue.
Dans le cadre du conseil en évolution professionnelle, il est éthiquement nécessaire d'exploiter les données sans à priori. Si vous considérez les données comme un moyen de justifier vos points de vue préalablement conçus, sans être suffisamment humble pour en tirer des leçons ou pour changer d'avis, vous risquez de transformer cet atout en un outil de désinformation.
Une bonne façon d'éviter ce piège serait de toujours adopter une attitude d'investigation, de considérer ses points de vue comme des hypothèses, et d'exploiter les données comme un moyen de vérification, qui aiderait notamment à formuler des contre-hypothèses ou de poser de meilleures questions.
Piège N°4 : Ne pas questionner les données
Lorsqu'un conseiller essaie de mettre en avant les données et d'encourager ses bénéficiaires à les prendre en compte, il peut parfois passer à côté de certaines erreurs ou limitations.
En effet, les données ont aussi leurs défauts et des limites, comme toute autre méthode d'analyse. En particulier et dans le cas des données approfondies sur le marché du travail, certains facteurs doivent être pris en compte. Par exemple, lorsqu'on exploite un système qui se base sur l'observation des offres d'emploi en ligne (et en grande masse), l'information présentée reflète ce que les recruteurs expriment le plus souvent, et d'une certaine façon, l'écart entre ce qu'ils attendent et ce qui est largement commun.
D'après nos propres analyses, les recruteurs focalisent surtout sur les points qu'ils ne trouvent pas systématiquement, ainsi que sur les cadres d'activités essentiels. En revanche, ils peuvent ne pas expliciter certaines exigences qui sont considérées comme communes ou largement connues. On peut donc s'étonner à voir qu'une compétence qui devient systématique dans un métier décliner dans les offres d'emploi.
Cela ne signifie pas pour autant que les données sont mauvaises et erronées, mais ça veut simplement dire qu'il faut prendre un certain temps pour comprendre les limites et les cadres d'interprétation, et de se tourner ensuite vers les autres sources qui pourraient compléter l'information.
Une façon intelligente de procéder consiste à recouper les données observées avec des micro-enquêtes et des conversations réelles (présenter les données et poser des questions à un groupe de professionnels, lancer une enquête ciblée grâce aux Big Data, etc.).
Chez TrouveTaVoie par exemple, nous avons développé un pôle spécialisé dans les études et les analyses, qui croise systématiquement nos données approfondies et temps réel sur le marché avec les autres sources (statistiques du gouvernement, autres études, etc.), tout en exploitant un système d'enquêtes et d'observatoires spécialisés (par secteurs, métiers, etc.) impliquant les groupes pertinents de professionnels.
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